12/04/2017
Le prince héritier, Tshisekedi II
VILLES MORTES ET MARCHES POUR UN SEUL OBJECTIF :
« LA PRIMATURE »
Félix Tshisekedi mobilise
toutes les ressources de l'héritage politique de son défunt papa, Etienne Tshisekedi, pour être premier
ministre au Congo. «Il n'a jamais été combattant des premières heures au
sein du parti de son père, UDPS (Union pour la Démocratie et le
Progrès Social)» estiment ses détracteurs. Mais le fils à
papa a gravi très vite tous les échelons jusqu’à devenir président de
l'UDPS et du Rassemblement après la mort du leader Maximo.
Le prince
Félix, le second de la génération des Tshisekedis ayant le sang de son
papa qui coule dans ses veines, s'estime plus Tshisekediste que tous les autres
membres de l'UDPS ou du Rassemblement. Car il est de la «race pure» des Tshisekedis ce qui s'explique par le lien du sang (Jus Sanguinis) et de
droit politique hérité de son père (Jus Imperium).
C'est une
consécration de la culture, dite de «Bana ya…» (en lingala qui signifie en francais les fils à papa), héritée de la période de la dictature du
Maréchal Mobutu dont Joseph Kabila a assuré la continuité en remplaçant « son
père » Laurent Désiré Kabila à la tête du pays en 2001. Dans une farce de la démocratie hérédo-monarchique, le droit du sang des héritiers de la
République ou des fils à papa est devenu de plus en plus la mode au Congo.
Le fils du sphinx de Limeté est aussi sphinx et a automatiquement droit à
l’imperium.
J.KABILA II & F.TSHISEKEDI II: LES ACCORDS DE SAINT SYLVESTRE OU ENTENTE
ENTRE HÉRITIERS?
En effet, les Tshisekedis
sont connus pour leur passion de la primature malgré des multiples rendez-vous
manqués, et leur rôle palliatif à accompagner et à légitimer la politique
dictatoriale du Congo. Selon une source proche de l'AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo),
« Tshisekedi premier n'a jamais cherché à renverser la dictature de Mobutu
mais plutôt voulait à tout prix être premier ministre de Mobutu ». Une
primature que les Tshisekedis considèrent comme un acquis, de facto un droit
naturel et historique transmis du père au fils.
Depuis les ententes d'Ibiza en Espagne entre l'UDPS et la MP
(Majorité Présidentielle) jusqu'aux accords du
31 décembre 2016 orchestrés en majorité par Tshisekedi senior,
l'objectif est d'arriver à un tandem des héritiers ou à un duo de deux princes
(Kabila II & Tshisekedi II) à la tête du pays pour une transition soit
disant pacifique et éviter l’apocalypse.
Avec les nominations successives de Samy Badibanga et puis Bruno Tshibala
comme premier ministre, le prince de Limeté se voit rouler dans la farine par
Kabila II. Il multiple des cris d'alarme pour un total respect des accords et
du testament de son père. «On ne
devient pas premier ministre par testament» s'en moque Lambert Mende, le ministre de la communication.
LES KAMIKAZES DU « JUNIOR DE LIMETÉ »
«Tshisekedi II a des Kamikazes, Kabila II a des
milices»
Les militants –combattants
de l'UDPS devant le siège
du parti à Limité
La nomination de Tshibala comme premier ministre en application des accords
de Saint Sylvestre, dont Kabila II n’a
jamais signé, est perçu par Tshisekedi II comme "une
trahison des ententes " alors que Kabila junior ne
joue qu'avec le temps. Il sait qu'il n'organisera pas
des élections en décembre 2017 comme prévu. Kabila II, n’ayant
pas la légitimité de nommer un premier ministre selon les accords de CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo), ne fait que nommer des non-officiels
de l’UDPS et du RASSOP (Rassemblement de l’opposition
en RDC) pour consolider son glissement. Et de ce fait, il n'est
pas du tout prêt à tendre la main à Tshisekedi II de Limeté.
Mobutu disait «après moi, c'est le chaos»; Sans Tshisekedi II comme premier
ministre, c'est le chaos pense-t-il ?
Tshisekedi II se bat pour son «droit» qu'il estime légitime
en multipliant les marches, les villes mortes et lançant ses kamikazes dans les
rues de Kinshasa pour être tués par les milices de Kabila II afin
d’acquérir la primature. Ces militants-combattants de
l’UDPS et du RASSOP, prêt à mourir, font maintenant la force de Félix Tshisekedi.
Comme solution finale, Il suffit qu'un mot d'ordre soit donné pour que le pays
soit paralysé en «Congo mort ».
En conclusion, Le peuple congolais, qui a beaucoup souffert des guerres, se
retrouve aujourd'hui dans une guerre asymétrique entre deux héritiers de la
République. Le pays ressemble à un match de Ping-pong entre deux dynasties où
le peuple congolais, otage des fils à papa, est le dindon de la farce. Ce n'est pas
la primature ni le respect des accords qui vont résoudre
les problèmes du Congo. Le pays n'a pas besoin des hommes forts ou héritiers
mais plutôt des institutions démocratiques fortes et
stables pour sortir de cette impasse. Le Congolais, qui veut changer son
quotidien, demande avec force la fin de la dictature des fils à papa, la paix
et la sécurité avec une nouvelle génération des politiciens, en
termes simples une gouvernance démocratique du pays.
Par Serge Egola et Ishiaba Kasonga
OCSN (Orion Congo Studies Network)
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