Le Canada appelé à arrêter le président rwandais Paul Kagame
2015/09/23
L’auteur est docteur en économie, spécialiste en finances internationales et chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal.
En prévision de la participation du président Paul Kagame dans le congrès «Global Youth Convention » parrainé par l’ambassade du Rwanda à Ottawa qui se tiendra à Montréal entre le 25 et le 27 septembre 2015, des organisations de Canadiens originaires de la région des Grands Lacs Africains ont demandé aux autorités canadiennes de ne pas lui permettre d’entrer sur le territoire canadien ou de l’arrêter à son arrivée.
Dans une lettre adressée au gouvernement canadien, les représentants au Canada de Amahoro Congrès du Peuple, Rwanda National Congress et Democracy in Rwanda Now font état d’innombrables crimes commis sous les ordres du président Kagame, allant de la persécution de ses critiques et opposants aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ils montrent que certains de ces crimes ont été commis au Canada et sont punissables en vertu du Code criminel canadien.
Des activités criminelles en sol canadien
En se référant à diverses sources, les trois organisations indiquent que « le président Kagame a comploté avec d’autres et parrainé un projet d’élimination d’opposants et de critiques canadiens, tant d’origine rwandaise que Canadiens de souche ».
De plus, étant donné qu’une des sources citées est un rapport de l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFC), ces organisations estiment que le gouvernement canadien est parfaitement au courant des activités criminelles du régime de Kigali en sol canadien et qu’il devrait agir en conséquence.
De fait, comme révélé par le journal National Post dans son édition du 13 août 2015, un rapport de l’ASFC fait état de harcèlement en sol canadien de critiques et d’opposants du gouvernement rwandais par des espions à la solde du président Kagame ainsi que de tentative d’organisation de sessions d’endoctrinement de la jeunesse.
D’après ce même rapport, l’ASFC est aussi au courant de l’existence « d’un modèle bien documenté de répression des critiques du gouvernement rwandais à l’intérieur et à l’extérieur du Rwanda » incluant des menaces, des attaques et des assassinats.
Les trois organisations font remarquer que le rapport de l’ASFC va dans le même sens que plusieurs articles qui ont été publiés en mars et avril 2015 dans des journaux rwandais, canadiens et américains faisant état de la présence en sol canadien d’un commando du Rwanda avec pour mission de tuer, blesser ou intimider plusieurs personnes qui s’opposent ou critiquent le gouvernement rwandais.
Enfin, ces organisations rappellent qu’en décembre 1997 et janvier 1998, des agents du gouvernement rwandais ont tenté d’assassiner à Laval un ancien employé canadien de la Croix-Rouge. Il avait été témoin d’atrocités que le Front patriotique rwandais au pouvoir à Kigali avait commis sur des populations civiles.
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité
Un autre élément souligné par les trois organisations et considéré comme un motif d’interdiction de territoire ou d’arrestation du président Kagame est son lourd dossier de violation massive des droits de la personne et du droit humanitaire international.
Comme le montrent depuis déjà de nombreuses années de grandes organisations de défenses des droits de la personne telles que Amnesty International, Human Rights Watch et même le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, des éléments de l’armée rwandaise sous le haut commandement du général Kagame ont perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC).
Au Congo, le Projet Mapping des Nations Unies concernant les violations les plus graves des droits humains commises entre 1993 et 2003 sur le territoire de la RDC considère que les crimes commis sur les réfugiés Hutu rwandais et des populations congolaises pourraient être qualifiés de génocide s’ils étaient présentés devant un tribunal compétant. Le nombre de victimes de ces crimes s’élève à plus de 6 millions de personnes.
Promotion d’antivaleurs
Parmi les thèmes à l’ordre du jour de ce congrès prévue pour la jeunesse rwandaise au Canada et auquel participera le président Kagame figure le fameux programme « Ndi umunyarwanda » ou « Je suis Rwandais ».
Ce programme veut que tous les Hutu, même ceux qui n’étaient pas encore nés en 1994 lors du génocide des Tutsi, s’excusent pour les crimes de leurs congénères de même ethnie qui ont trempé dans ce génocide. Il s’agit manifestement d’une campagne de promotion du dangereux concept de culpabilisation collective qui réduit en citoyens de seconde zone les personnes visées et les expose à subir des crimes de masse voire de génocide.
D’après diverses sources, ce congrès sera aussi l’occasion de convaincre la jeunesse rwandaise au Canada de la pertinence du processus en cours de changement de la constitution rwandaise pour permettre au président Kagame de briguer un troisième mandat en 2017 et même devenir président à vie. La constitution actuellement en vigueur précise qu’en aucun cas, le président de la république ne peut dépasser deux mandats au pouvoir.
Ce tripatouillage de la constitution rwandaise est largement dénoncé aussi bien par l’opposition rwandaise que par les grands pays traditionnellement alliés au régime de Kigali, tels que les États-Unis et la Grande Bretagne. Ensemble avec la persécution des opposants, il met fin au faible espoir de démocratie qui restait et à toute possibilité de changement pacifique de pouvoir.
Selon le rapport de l’ASFC ci-haut cité, le régime de Kigali a déjà tenté d’organiser des sessions d’endoctrinement de la jeunesse rwandaise au Canada, mais l’événement a été annulé suite à une enquête des services de renseignement canadiens au sujet du harcèlement de Rwandais par des espions à la solde du président Kagame.
Comme le montre le programme « Ndi umunyarwanda » qui est l’un des thèmes phares ainsi que les informations au sujet de la promotion du changement de la constitution, le présent congrès constitue une autre tentative d’endoctrinement de la jeunesse rwandaise.
Nos autorités devraient agir comme par le passé et interdire la promotion de dangereuses idéologies contraires aux valeurs canadiennes et aux principes démocratiques.
Le Canada n’a rien à gagner dans la présence du président Kagame sur son territoire, bien au contraire. Son séjour va, non seulement hypothéquer la sécurité des critiques et des opposants du régime de Kigali, mais aussi permettre l’endoctrinement de jeunes canadiens d’origine rwandaise à des idées porteuses de germes de haine et de violence. L’une ou l’autre des deux raisons devrait être suffisante pour l’interdire d’entrer en sol canadien.
Par Emmanuel Hakizimana
En prévision de la participation du président Paul Kagame dans le congrès «Global Youth Convention » parrainé par l’ambassade du Rwanda à Ottawa qui se tiendra à Montréal entre le 25 et le 27 septembre 2015, des organisations de Canadiens originaires de la région des Grands Lacs Africains ont demandé aux autorités canadiennes de ne pas lui permettre d’entrer sur le territoire canadien ou de l’arrêter à son arrivée.
Dans une lettre adressée au gouvernement canadien, les représentants au Canada de Amahoro Congrès du Peuple, Rwanda National Congress et Democracy in Rwanda Now font état d’innombrables crimes commis sous les ordres du président Kagame, allant de la persécution de ses critiques et opposants aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ils montrent que certains de ces crimes ont été commis au Canada et sont punissables en vertu du Code criminel canadien.
Des activités criminelles en sol canadien
En se référant à diverses sources, les trois organisations indiquent que « le président Kagame a comploté avec d’autres et parrainé un projet d’élimination d’opposants et de critiques canadiens, tant d’origine rwandaise que Canadiens de souche ».
De plus, étant donné qu’une des sources citées est un rapport de l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFC), ces organisations estiment que le gouvernement canadien est parfaitement au courant des activités criminelles du régime de Kigali en sol canadien et qu’il devrait agir en conséquence.
De fait, comme révélé par le journal National Post dans son édition du 13 août 2015, un rapport de l’ASFC fait état de harcèlement en sol canadien de critiques et d’opposants du gouvernement rwandais par des espions à la solde du président Kagame ainsi que de tentative d’organisation de sessions d’endoctrinement de la jeunesse.
D’après ce même rapport, l’ASFC est aussi au courant de l’existence « d’un modèle bien documenté de répression des critiques du gouvernement rwandais à l’intérieur et à l’extérieur du Rwanda » incluant des menaces, des attaques et des assassinats.
Les trois organisations font remarquer que le rapport de l’ASFC va dans le même sens que plusieurs articles qui ont été publiés en mars et avril 2015 dans des journaux rwandais, canadiens et américains faisant état de la présence en sol canadien d’un commando du Rwanda avec pour mission de tuer, blesser ou intimider plusieurs personnes qui s’opposent ou critiquent le gouvernement rwandais.
Enfin, ces organisations rappellent qu’en décembre 1997 et janvier 1998, des agents du gouvernement rwandais ont tenté d’assassiner à Laval un ancien employé canadien de la Croix-Rouge. Il avait été témoin d’atrocités que le Front patriotique rwandais au pouvoir à Kigali avait commis sur des populations civiles.
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité
Un autre élément souligné par les trois organisations et considéré comme un motif d’interdiction de territoire ou d’arrestation du président Kagame est son lourd dossier de violation massive des droits de la personne et du droit humanitaire international.
Comme le montrent depuis déjà de nombreuses années de grandes organisations de défenses des droits de la personne telles que Amnesty International, Human Rights Watch et même le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, des éléments de l’armée rwandaise sous le haut commandement du général Kagame ont perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC).
Au Congo, le Projet Mapping des Nations Unies concernant les violations les plus graves des droits humains commises entre 1993 et 2003 sur le territoire de la RDC considère que les crimes commis sur les réfugiés Hutu rwandais et des populations congolaises pourraient être qualifiés de génocide s’ils étaient présentés devant un tribunal compétant. Le nombre de victimes de ces crimes s’élève à plus de 6 millions de personnes.
Promotion d’antivaleurs
Parmi les thèmes à l’ordre du jour de ce congrès prévue pour la jeunesse rwandaise au Canada et auquel participera le président Kagame figure le fameux programme « Ndi umunyarwanda » ou « Je suis Rwandais ».
Ce programme veut que tous les Hutu, même ceux qui n’étaient pas encore nés en 1994 lors du génocide des Tutsi, s’excusent pour les crimes de leurs congénères de même ethnie qui ont trempé dans ce génocide. Il s’agit manifestement d’une campagne de promotion du dangereux concept de culpabilisation collective qui réduit en citoyens de seconde zone les personnes visées et les expose à subir des crimes de masse voire de génocide.
D’après diverses sources, ce congrès sera aussi l’occasion de convaincre la jeunesse rwandaise au Canada de la pertinence du processus en cours de changement de la constitution rwandaise pour permettre au président Kagame de briguer un troisième mandat en 2017 et même devenir président à vie. La constitution actuellement en vigueur précise qu’en aucun cas, le président de la république ne peut dépasser deux mandats au pouvoir.
Ce tripatouillage de la constitution rwandaise est largement dénoncé aussi bien par l’opposition rwandaise que par les grands pays traditionnellement alliés au régime de Kigali, tels que les États-Unis et la Grande Bretagne. Ensemble avec la persécution des opposants, il met fin au faible espoir de démocratie qui restait et à toute possibilité de changement pacifique de pouvoir.
Selon le rapport de l’ASFC ci-haut cité, le régime de Kigali a déjà tenté d’organiser des sessions d’endoctrinement de la jeunesse rwandaise au Canada, mais l’événement a été annulé suite à une enquête des services de renseignement canadiens au sujet du harcèlement de Rwandais par des espions à la solde du président Kagame.
Comme le montre le programme « Ndi umunyarwanda » qui est l’un des thèmes phares ainsi que les informations au sujet de la promotion du changement de la constitution, le présent congrès constitue une autre tentative d’endoctrinement de la jeunesse rwandaise.
Nos autorités devraient agir comme par le passé et interdire la promotion de dangereuses idéologies contraires aux valeurs canadiennes et aux principes démocratiques.
Le Canada n’a rien à gagner dans la présence du président Kagame sur son territoire, bien au contraire. Son séjour va, non seulement hypothéquer la sécurité des critiques et des opposants du régime de Kigali, mais aussi permettre l’endoctrinement de jeunes canadiens d’origine rwandaise à des idées porteuses de germes de haine et de violence. L’une ou l’autre des deux raisons devrait être suffisante pour l’interdire d’entrer en sol canadien.
Par Emmanuel Hakizimana
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