Saturday 22 August 2015

RDC: trois ans de prison ferme requis contre quatre activistes de Lucha à Goma

RDC: trois ans de prison ferme requis contre quatre activistes de Lucha à Goma

21août, 2015 Par AFP
 

Les militants du mouvement congolais pro-démocratie

Lutte pour le changement (Lucha)

 

Le ministère public a requis trois ans de prison ferme vendredi à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, contre quatre activistes du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) accusés d’incitation à la désobéissance.

Le parquet a requis trois ans de prison ferme et le juge a pris le dossier en délibéré pour donner son jugement au plus tard le 11 septembre. On a plaidé pour l’acquittement et on est sûrs que le juge, connaissant le droit, va les acquitter, a déclaré à l’AFP après l’audience Me Éric Sadiki, l’un des avocats des accusés.
 
Selon la loi congolaise, l’incitation à la désobéissance est passible de deux mois à trois ans de prison. Pour Me Sadiki, il n’est pas étonnant que le ministère public ait requis la peine la plus lourde, car le dossier est, selon lui, politisé.
 
Lors des plaidoiries au tribunal de grande instance, la défense, constituée de quatre avocats, a souligné que ses clients n’avaient pas troublé l’ordre public, ni violé la loi congolaise, qui stipule que, pour toute manifestation, les organisateurs doivent simplement avertir les autorités.
 
Le ministère public a pour sa part souligné que la défense n’avait pas présenté de preuves assez solides pour prouver que Lucha avait bien averti les autorités.
 
Le juge a, lui, relevé qu’il manquait un accusé de réception sur la lettre que le mouvement dit avoir déposée. La secrétaire du maire, qui aurait pu infirmer ou confirmer la version de Lucha, ne s’est finalement pas présentée à la barre.
 
Le parquet a été incapable de prouver quelle infraction ils ont commise, mais l’officier du ministère public a quand même requis trois ans de prison. (…) Nous espérons que les juges, investis garants des libertés publiques par notre Constitution, auront le courage de ne dire que le droit, indique le compte Twitter de Lucha.
 
Les quatre militants de Goma avaient été arrêtés en avril à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, pour avoir demandé par le biais de tracts la libération des militants arrêtés mi-mars à Kinshasa, ainsi que le respect des libertés publiques.
 
Le 15 mars à Kinshasa, une trentaine de personnes avaient été arrêtées lors d’une réunion d’échange sur la bonne gouvernance en Afrique organisée par Filimbi, qui se présente comme un collectif de mouvements d’éducation à la citoyenneté, non-partisan et non-violent.
 
Depuis, seuls Fred Bauma, de Lucha, et Yves Makwambala, webmaître et graphiste du groupe Filimbi, sont restés en détention. Leur procès pour atteinte à la sûreté de l’État, aujourd’hui suspendu, s’est ouvert le 12 juin.
 
Le procès des quatre jeunes de Goma, qui bénéficient d’une liberté provisoire, s’est lui ouvert le 20 mai.
 
Le climat politique est tendu en RDC à l’approche d’une série d’élections devant s’achever par la présidentielle prévue en novembre 2016, et à laquelle la Constitution congolaise interdit au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter.
 
En janvier, surtout à Kinshasa, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées au cours de manifestations violentes, réprimées par les forces de sécurité. Les manifestants dénonçaient un projet de loi électoral qui aurait pu permettre à M. Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son deuxième mandat.
 
AFP

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